Pilar Bellosillo

LA VIE DE PILAR BELLOSILLO

22 décembre 1913

Pilar Bellosillo García-Verde est née à Madrid

Issue d'une famille profondément chrétienne, elle était la deuxième de huit enfants et gardait le souvenir des réunions de famille dans la maison des grands-parents à Derroñadas (Soria), où l'entreprise familiale et la rencontre avec la nature marquèrent sa vie. Dans cet environnement également, elle mûrissait sa foi chrétienne, dont elle a témoigné par sa vie dans d'innombrables écrits.

Parcours universitaire

Pilar a étudié la pédagogie à l'Académie Veritas de l'Institution thérésienne (1931-1935). C'est là qu'elle a rencontré le père Poveda. Elle y a reçu une formation humaine et chrétienne qui a été décisive dans sa vie.

Elle a également étudié le travail social à l'École de la famille et de la formation sociale.

Ses débuts avec l'Action catholique

Pilar a commencé à travailler comme bénévole à l'Académie pour les femmes ouvrières gérée par l'Action catholique. En 1938, en pleine guerre civile, elle suit à Saragosse un cours pour animateurs de jeunesse. Ce cours a marqué profondément son destin, car dès lors elle s'engage définitivement dans l'Action catholique, où elle occupera des fonctions nationales sans interruption.

Sa famille s’était installée à Madrid où elle a vécu, sauf pendant de longues périodes où elle a dû vivre à Paris ou à Rome en raison de ses obligations internationales.

Engagée avec l’Action Catholique

Elle s’est engagée très jeune dans l'Action Catholique dont la spiritualité était nourrie très tôt par des sources très riches: l'Evangile, les mystiques castillans, Thérèse de Jésus, Jean de la Croix...

Elle fut rapidement élue présidente nationale des Jeunes Femmes de l'Action Catholique (1940-1946) et plus tard, elle fut présidente nationale de sa branche féminine (1951-1963).

Pendant ses présidences, ce furent les années les plus actives et les plus fructueuses de l'Action Catholique. Elle s'était entourée de bonnes équipes et au cours de ces années, les plans suivants ont été créés :

  • Le Plan de formation de la personnalité de la Femme (1953-1957), pour apporter une solution à la situation des femmes. Pilar a également mis en place les Centres de culture populaire, dont la nouveauté et le rôle moteur ont été de fournir aux femmes des centres où elles pouvaient être éduquées et formées à la vie sociale, culturelle, civique, politique et religieuse. L'objectif était de fournir une formation intégrale.

  • Une autre grande action promue par Pilar a été la Semaine dite de l'Impact, un bref cours de formation sociale qui a totalement renouvelé les femmes de l'Action Catholique (1958).

  • La troisième grande action catholique a été de lancer pour la première fois la Campagne contre la faim, aujourd'hui Manos Unidas, qui était un pari sur le Tiers Monde. Les campagnes ont été menées avec une telle rigueur, un tel dévouement et une telle transparence qu'elles ont rapidement eu de grandes répercussions dans la société espagnole (1960).

Ces trois actions ont laissé une marque profonde dans toute l'Espagne.

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Sur la scène internationale: Présidente de l’UMOFC

Grâce à ses engagements et à son expérience en Espagne, Pilar Bellosillo s'est lancée dans la vie internationale. En 1961 elle a été élue présidente de l'Union mondiale des organisations féminines catholiques (UMOFC), poste qu'elle a occupé jusqu'en 1974. À cette époque, l’UMOFC comptait 36 millions de membres, 36 millions de femmes catholiques dans 61 pays sur les cinq continents.

Pour la liberté des femmes

Ce fut un moment historique caractérisé par le début de la prise de conscience par les femmes de leur situation de marginalisation, de discrimination et souvent d'exclusion. C'est ainsi que Pilar le définissait ainsi:
Nous, les femmes, sommes les protagonistes de ce moment historique, caractérisé par l'éveil de la conscience féminine dans le monde (1950-1970). C'est le moment de notre "libération". Et pour cela, quelles possibilités providentielles nous offre l’UMOFC! .

L’UMOFC répond, avec Pilar à sa tête, à ce défi. Dès la période post-conciliaire, en 1966, une grande enquête sur "La liberté des femmes dans la famille, la société et l'Église" a été lancée et envoyée à toutes les organisations membres de l'UMOFC pour que les 36 millions de femmes catholiques membres y répondent.

Les réponses ont été d'une grande valeur par leur représentation, en raison du nombre élevé de réponses et de leur pluralisme: des femmes de toutes les races, de cultures et de coutumes différentes, et de classes sociales et économiques diverses. "Les réponses - dit Pilar - ont révélé des réalités et des situations surprenantes".

Ces faits ont fortement sensibilisé l’UMOFC et de là est né un plan d'action pour faire évoluer ces situations inhumaines. Des travaux, des colloques, des conférences, des recherches, des réunions d'étude, des consultations d'experts, etc. ont été lancés.

Grâce à ces travaux et recherches, l’UMOFC a établi les lignes de force d'un féminisme humaniste.

“L’éducation des femmes”

En 1970, Pilar a élaboré et étudié, à l'Assemblée de Torhout (Belgique), avec toutes les organisations, un grand plan d'éducation comme processus de libération avec le thème L'éducation de la femme pour les quatre années suivantes, en choisissant pour cela une méthodologie active et participative, qui donnait aux femmes la possibilité de contribuer aux questions à traiter avec leurs propres idées, leur vision des sujets à étudier et leurs propres critères.

Lutter contre l'injustice et la marginalisation

Un autre engagement que Pilar a personnellement assumé et promu au sein de l’UMOFC a été d'en élargir ses objectifs et son action pour les peuples du Tiers Monde, pour les peuples du sous-développement, de la faim, de la pauvreté: des peuples qui souffrent de l'injustice, de la marginalisation et qui sont opprimés par les puissants.

Une étape importante fut l'organisation de l'Assemblée statutaire et des Journées d'étude en 1974, pour la première fois en dehors de l'Europe. Elles se sont tenues à Dar Es Salaam (Tanzanie), sur le thème L’UMOFC, agent de changement pour une société plus juste. Plus de 500 femmes africaines ont participé à cette assemblée, ce qui a été très enrichissant pour elles et autant, voire plus, pour celles qui venaient de la civilisation occidentale.

L'Assemblée suivante s'est tenue à Bangalore (Inde) en 1979 sur le thème Femmes, justice, évangélisation. Mère Teresa de Calcutta était présente et y a donné une conférence.

Jusqu'en 1974, date à laquelle elle a quitté la responsabilité de présidente, Pilar a laissé son empreinte, aidée par d'autres femmes, dont certaines étaient espagnoles: elle a apporté le dynamisme, la vitalité et un projet de changement, alors indispensable au service des femmes et de l’UMOFC.

Auditrice au Concile Vatican II

En tant que présidente de l’UMOFC, Pilar a été nommée par le pape Paul VI comme auditrice au Concile Vatican II, avec 22 autres femmes, membres de la délégation des auditeurs. Parmi eux, Pilar était la seule laïque espagnole. C'était une première fois dans l'histoire de l'Église. Pilar a rejoint la Commission chargée d'élaborer le 13ème schéma de la préparation de la Constitution pastorale "Gaudium et spes" qui sera la constitution pastorale sur l'Eglise dans le monde d'aujourd'hui.

Pilar Bellosillo raconte comment elle a vécu le Concile : "Je l'ai vécu "vitalement", je me suis lancée dans l'aventure de suivre l'Esprit, de me laisser conduire par Lui ; pleinement convaincue que pour l’Église c'était "son heure", et que pour avancer sur le chemin, il fallait aller plus loin. C'était très clair pour moi. Déjà pendant l'intense activité du Concile, j'ai passé des nuits blanches et j'ai découvert comment “travaillé par l'Esprit", le flux que nous recevions était ordonné. Cela m'a demandé, parfois, de me dépouiller de quelque chose pour accueillir le "nouveau". Parfois, il s'agissait de l'ordonner avec une nouvelle hiérarchie de valeurs. L'étonnement de découvrir la merveilleuse clarté et la cohérence de l'œuvre de Dieu, la lumière, la joie, l'équilibre, l'ordre, la paix et un amour renouvelé sont indescriptibles ; ce sont les fruits que produit l’appropriation de la vérité. Il était évident que l'Église était interpellée par un grand nombre de nouvelles questions qui étaient posées à la conscience des baptisés. Et donner les mêmes réponses ne menait à rien".

Après la clôture du Concile, il y eut un colloque avec quatre auditrices. Chacune s'est vu poser une question spécifique. A Pilar on a demandé quelle avait été la contribution de la femme aux travaux du Concile. Pilar a répondu que sa plus grande préoccupation avait été d'éviter toute discrimination à l'égard des femmes.

2 janvier 2003

Pilar Bellosillo décède à Madrid

TELLE ETAIT PILAR

Pilar disait : "Tout ce que j'ai vécu dans l’Église a été pour moi une source permanente de richesse. Je découvre, étant très jeune, que ma foi n'est pas un privilège pour moi seule mais une grâce que je dois partager et si je suis dans l’Église, ce n'est pas seulement pour en bénéficier, mais pour me mettre à son service".

Pilar était une femme d’Église. Apôtre par engagement. Une laïque chrétienne par vocation. Prophète du 20ème siècle.

Pilar nous a laissé, par écrit, le moment où elle a pris l'engagement de se consacrer à l'apostolat: «La Guerre Civile a été une expérience très dure pour ceux d'entre nous qui l'ont vécue. Une fois qu'elle s'est terminée, il y avait beaucoup à reconstruire ; c'est le moment où je prends l'engagement de me consacrer à l'apostolat. Un engagement qui durera toute ma vie. C'est le début d’une aventure personnelle et passionnante qui ne s'est pas encore arrêtée.»

Pilar, dès sa jeunesse, a consacré sa vie et sa passion apostolique à lutter pour la promotion des femmes, pour leur dignité et surtout pour leur liberté. Son apostolat n'est pas quelque chose de routinier, de superficiel... Elle aime les "autres" et elle l'exprime ainsi : "Ma grande vocation se dessine progressivement ; ce sera celle d'être au service des autres, au service de leur épanouissement en tant que personnes et en tant que chrétiens. Être au service des desseins de Dieu dans le monde... prendre en charge l'histoire de la cause de Dieu. C'est la vocation inédite du chrétien".

Pilar a vécu sa foi profonde, son dévouement et sa fidélité à l'Église et son amour pour Jésus-Christ à partir de sa condition de laïque. Elle dit : "Il ne s'agissait pas d'entrer dans un institut religieux, ce n'était pas ma vocation ; mais de vivre mon baptême, qui est la "source" de cette vie merveilleuse. Par le baptême, je suis entrée dans la famille de Dieu. Rien ne peut être ajouté à cette "grandeur". Je suis entrée dans son Église. Peu à peu, cette vocation de "chrétien laïc" sera "éclairée".

Pilar était prophète car, inspirée par l'Esprit et fortifiée par sa foi, elle a transmis le message de Jésus-Christ et ses propres expériences religieuses avec spontanéité et conviction. Elle était prophète parce qu'elle était une pionnière, en avance sur son temps. Et elle était prophète parce qu'elle a apporté à l'Église la conversion, le renouveau et le progrès, et qu'elle a voulu ouvrir des fenêtres pour que "l'air frais" puisse entrer, comme le disait Jean XXIII.

Elle déclarait : "Je suis consciente d'avoir fait un long voyage, en allant toujours de l’avant, et je peux identifier Jésus-Christ dans mon propre "Exode" vers la terre de la liberté, de la dignité et de la justice".

Pilar était une femme très en avance sur son temps. Tout au long de sa vie, elle a participé activement à la construction d'un monde meilleur, à la promotion des femmes et au renouveau de l'Église. Elle a été une actrice de changement et de progrès dans la société et dans l'Église, un modèle à imiter et un exemple à suivre.

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